dimanche 27 novembre 2011

PLANNING DES CONF NOV ET DEC 2011 ET RAPPELS

30 /11 ANGLAIS
 7/12  HISTOIRE
14/12  GALOP DE PREPA AU CONCOURS EN ANGLAIS ET  HISTOIRE

Le 16/11 je vous ai présenté les 3 courants en sociologie  face aux thèmes de cette année religion/ sport.
Révisez bien le dossier théorique, connaître les auteurs est essentiel, notamment en intro et conclusion
pour faire sortir la copie du lot.
Le 23/11 nous avons traité  "religions et sociétés" , veuillez réviser ma méthodo QFQOQCP et clef HESJPEC, essayez de l'appliquer à chaque devoir dans vos lycées et surtout révisez le volumineux dossier , c'est à ce prix que vous serez reçus en juin 2012.Revoyez sur ce site mes précèdentes intro l'an passé.
Je vous donnerai avant les vacances un plan de révision et en janvier mes livres essentiels sur sport et religion, ne perdez pas de temps en lisant des manuels trop complexes et détaillés sur la religion!
A MERCREDI 30 AVEC ANGLAIS , je vous donnerai les doeuments pour les absents
.
CORDIALEMENT, ERIC CHIPOT

   

jeudi 3 novembre 2011

RENTREE OCTOBRE 2011

17 élèves à la première conférence de C Ricou en histoire pour préparer le concours d'entrée aux 6 IEP c'est bien, pour viser le concours cette année ou à bac +1, et améliorer votre niveau pour une mention au bac
on peut encore s'inscrire notre prépa est gratuite et ouverte aux élèves du public comme du privé.

Ceux qui ont manqué la séance d'anglais hier,  2/11, auront un compte rendu photocopié et ne doivent pas manquer la prochaine en anglais le 30/11 de 13H30 à 15H30 salle G24 avec Josiane Teamotuaitau.

Pendant les vacances réviser le programme d'histoire de terminale, diviser le manuel en 8, chaque jour lire un 8è du livre et travailler l'anglais :lire la presse anglo-saxone ,utiliser les sites donnés par J Teamotuaitau, faites marcher vos portables et donnez aux absents les sites à consulter.Pour l'histoire se procurer l'excellent Berstein et Milza.
RENTREE le 16 novembre : methodologie questions contemporaines et connaissances sur religion et sport, les 2 thèmes au concours cette année.Je vous donnerai les indispensables à lire, surligner et éventuellement mettre en fiche si c'est votre façon de mémoriser à 13H30 15H30 présence indispensable et  utilité également pour préparer la dissertation de SES au bac ES ou d'histoire toutes sections.
BONNES REVISIONS DE VACANCES / POUR REUSSIR TRAVAILLER CHAQUE JOUR
E Chipot, professeur de SES,coordinateur de la prépa.

mardi 28 juin 2011

SCIENCEPO AORAI : INTRODUCTION par ERIC CHIPOT

sujet /  Face à la crise de la  mondialisation, faut il ouvrir ou contrôler les frontières ?

Pour le brouillon en 1H voir mon précèdent article   les 2 clefs QFQOQCP et HESJPEC
A noter que intro et conclusion sont à rédiger au brouillon au bout d'1H car on ne termine pas son
devoir à 3H20 par une conclusion hachi parmentier à la va vite ou on balance en vrac tout ce qu'on a oublié de dire!!
Voir mes précedents articles intro: PDPP conclusion EEE

Voici ce que je vous propose pour ce sujet" crise mondialisation"

          La faillite de la banque d'affaire Lehman Brothers en 2008, symbolisa la crise financière qui débuta aux Etats Unis pour se propager au reste du monde.La crise fut financière, puis économique, en 2009 le PIB mondial , fait rarissime, baissa. Le scénario catastrophique de la crise de 1929 fut évité grâce à la réaction des Etats: fortes relances budgétaires et coordination des politiques économiques avec maintien du libre échange, aspect essentiel de la mondialisation.La tentation protectionniste fut évitée, mais certains proposent de renforcer les contrôles: contrôle des capitaux, les fonds spéculatifs pouvant déstabiliser des Etats et contrôle des migrations: réfugiés climatiques du réchauffement , réfugiés politiques du maghreb, réfugiés économiques de la faim dans le monde.
          La frontière, le front, est une limite selon M Foucher, une invention de technique de contrôle de l'éspace : elle est toujours un front potentiel pour réguler les flux migratoires, avec les visas les Etats contrôlent l'entrée des étrangers. Mais la mondialisation a deux aspects: développement du libre échange et développement de la division international du processus productif par les FMN . Elle connait une crise conjoncturelle depuis 2008 et structurelle:les PMA ont un PIB/Hab 50x plus faible que celui des PDEM source de migrations de la pauvreté. Par ailleurs , la frontière délimite une nation avec une identité, ou une conféderation ,l'ouverture peut évoquer l'élargissement de l' U.E avec le débat sur l'adhésion de la Turquie.
           Une fermeture progressive ou une ouverture mal contrôlée ne seraient elles pas néfastes, alimentant les nationalismes rappelant  les suites de la crise de 1929 ? Ne faut il pas plutôt une ouverture négociée, contrôlée, sélective pour conserver les avantages économiques du libre échange et politiques du commerce source de paix?
           En fait, les politiques radicales, non coordonnées doivent être évitées comme le montre l'histoire ou encore l'actualité avec la montée  des nationalismes.....
il faut préférer une ouverture modérée , négociée des frontières pour maintenir les bienfaits de la mondialisation et renforcer la sortie de crise actuelle.

sciencepoaorai.blogpost.com METHODOLOGIE CONCOURS IEP PAR ERIC CHIPOT

A J-2 du concours , petite piqure de rappel : pour traiter un sujet en 3H30 il faut gagner la course contre la montre, donc utiliser des clefs pour traiter tout le sujet , rien que le sujet

règle 1  QFQOQCP   :  qui, fait quoi , ou, quand, comment , pourquoi
ex  Face à la crise de la mondialisation, faut il ouvrir ou contrôler les frontières ?
QUI    crise mondialisation :crise conjoncturelle 2008 2009 baisse des PIB.... 2011 reprise mondiale ou crise structurelle(fin du capitalisme Marx, mutation Schumpeter ).....mondialisation= développement du libre échange+DIPP division internationale du processus productif par les FMN
FAIT QUOI nécessite ouvrir frontière(laisser faire laisser passer existe déjà dans l'espace Schengen ,faut il l'étendre , incorporer la Turquie?).....OU contrôler: les mouvements de capitaux, d'hommes, de marchandises, aller vers du protectionnisme, suivre Marine Lepen et sortir de l'Euro?
OU PDEM OMC, ou dans des groupes interétatiques UE, et pour les pays emergents, et les PMA
QUAND   Attention crise financière 2008, baisse PIB 2009, mais 2011 sortie de crise PIB mondial 3% et croissance 2x plus du commerce, bonne santé des banques et des spéculateurs ! mais crise des Etats surendettés(Grèce....)
COMMENT  est posé le sujet: question FACE à A FAUT IL B OU C donc question sur un rapport ouvrant un débat, réponse "Science Po": OUI face à la première crise, surtout financière, mouvements nationalistes etvolonté de contrôler les frontières et réguler plus par les Etats....
MAIS avec une certaine sortie de crise(PIB à la hausse)la tendance internationaliste, avec volonté d'ouvrir les frontières se renforce( fin de la PAC programmée en 2012 2013?)....

règle 2  POURQUOI CE SUJET  H  E  S  J  P  E  C pour montrer les enjeux Historiques Economiques Sociaux et sociologiques Juridiques Politiques Ethnologiques Culturels et philosophiques
H historique rappel des dangers du protectionnisme années 30 face à la crise de 29 qui fit le lit des arguments totalitaires, la fermeture des frontières étant un des declancheurs de la guerre
à l'inverse aujourd'hui poursuite du libre échange et relances keynesiennes avec endettements des Etas mais crise du surendettement et notation des agences: revanche du marché
E comme éco avoir le réflexe théorique Marx le capitalisme entraine l'impérialisme et finalement crise finale de surproduction, Keynes le libéralisme doit être corrigé par l'intervention de L'Etat, Smith le libre échange concourt à l'efficacité et la paix, Ricardo aussi, Friedman les monétaristes maintenir la libre circulation des capitaux mais freiner la masse monétaire notamment US....bref par rapport à l'actu montrer les enjeux et les divergences théoriques
S comme social..à vous de jouer
P comme politique; qui doit reguler FMI OMC UE...qui propose une alternative? Front national avec le danger de quitter l'euro retour au franc dévalué alors que notre dette libellée en euros est colossale?quelle attitude face aux migrations : accepter les diplômés? problème de fuite des cerveaux pour le Sud....problème de l'explosion démographique: rocard "accueillir la misère du monde" n'est pas possible, sorti de Schengen: immigrés lybiens via Italie....
E ... comme ETC.... àvous de voir les aspects ethno, cultu, philo....

Cette clef HESJPEC se termine par l'indication en face de chaque idée de 1  OU 2 ainsi la plan en 2 parties se construit progressivement par les idées qu'on trouve ....on indique au brouillon la trame logique qu'on suivra en rédigeant ....

SCIENCEPOAORAI COMMENT REDIGER UNE BONNE INTRODUCTION PAR ERIC CHIPOT


SUJET PROPOSE PAR ERIC CHIPOT , coordinateur de la prépa , professeur agrégé de sciences sociales, diplômé de l’I.E.P de Paris :  «  Dans quelle mesure l’argent peut il être source de conflits ? »
INTRODUCTION TYPE :   P   D   P   P :   présentation, définition, problématique, plan

La présentation est l’accroche, un historique se terminant sur l’actualité, reprenant les enjeux du sujet.
Les définitions sont les concepts, leurs rapports, la polysémie des mots clefs montrant l’ampleur du sujet dans le tems et l’espace.
La problématique est le problème  et la solution, c’est à dire 2 ,3  « questions montrant les enjeux du sujet : le problème….impliquant 2 ,3 parties : le questionnement , façon de répondre au sujet.
Le plan est l’annonce par des titres idées du contenu de la réponse démonstrative,  logique , équilibrée aux questions de la problématique.

          Au 15è siècle, Christophe Colomb découvrit l’Amérique : la quête de l’or ,des épices entraîna des conflits violents liés à la colonisation des terres et la destruction des civilisations locales : Aztèque au Mexique, Incas aux Pérou. Aujourd’hui la bombe inégalitaire ( un milliard d’êtres humains ont moins d’un dollar par jour pour vivre) cause des émeutes de la faim. De même les conflits de Novembre 2010 en France furent liés à l’argent : comment financer les retraites si ce n’est en reculant l’âge de départ à 62 ans ?
          En fait, l’argent, métal précieux, monnaie métallique évoque aujourd’hui la monnaie : unité de compte, réserve de valeur, moyen de spéculation . Mais la monnaie, outil de politique économique évoque aussi les conflits : qui va payer l’impôt ? qui va profiter des transferts sociaux ? les manifestations sont ici nombreuses, reflétant des conflits : rupture des relations habituelles montrant une opposition déclarée. Conflits collectifs internes opposant les groupes sociaux selon l’âge (financement de la retraite), selon le sexe (inégalités salariales homme femme), selon la catégorie sociale( le bouclier fiscal) ;conflits externes entre Nations(guerre en Irak pour l’or noir, le pétrole) ;mais aussi conflits individuels à propos d’argent(montée du divorce demandé majoritairement par les femmes devenues actives).
          Faut-il, en suivant Karl Marx, voir dans l’argent la cause essentielle de la lutte des classes opposant propriétaires des moyens de production, la bourgeoisie, et le prolétariat victime de la paupérisation ? ou encore la cause des guerres entre nation à cause de l’impérialisme ?     Mais l’argent n’est il pas au contraire, outil de pacification des rapports sociaux entre individus devenus spécialisés donc complémentaires, et outil de solidarité entre nations, qui font du commerce plutôt que la guerre, comme le pensait Adam Smith ?
          En fait, historiquement, des croisades à la crise de 1929,dans un contexte d’Etat Gendarme, notamment pour la théorie marxiste, l’argent fut très souvent source de conflits…..toutefois, aujourd’hui, du développement des échanges à la création d’Unions Economiques, dans un contexte d’Etat Providence, notamment pour la théorie libérale, l’argent peut être source de cohésion sociale.

Une introduction doit être longue, 30 lignes afin d’impressionner le correcteur.
Une conclusion atteint 12 lignes, afin de laisser une bonne impression, en 3 points : EEE… E comme évaluation ,  reflet de la logique démonstrative, bilan miniaturisé du développement en apportant des connaissances pour impressionner….E comme élargissement , abordant un problème proche mais plus vaste en regardant  l’avenir….E comme épilogue , ouvrant sur une question, une citation , une belle formule.









ERIC CHIPOT propose un sujet sur argent stratification, concours entrée des 6 IEP


DEUXIEME SUJET PROPOSE PAR ERIC CHIPOT, coordianateur prépa AORAI,professeur agrégé de sciences sociales, diplômé de l’I.E.P de Paris :      « Argent et stratification »
Cette intro type, annonce le plan traditionnel  « science-po », en 2 parties

           L’égalitarisme est selon Tocqueville le trait le plus notable d’un système démocratique, la passion pour l’égalité. Pourtant en France, au 19è siècle, avec le libéralisme sauvage, l’argent si mal réparti par l’Etat Gendarme, créait d’énormes inégalités entre couches sociales. Karl Marx pour qui, le moulin à bras donnera une société avec suzerain, le moulin à vapeur une société avec le capitalisme industriel trouvait la source ultime des inégalités dans l’état des techniques. Certes pour lui l’argent était source de stratification, mais dans son approche matérialiste c’étaient les conditions matérielles et sociales de production qui l’emportaient.
          En réalité, l’argent réserve de valeur peut être source de spéculation, d’inégalités de patrimoines,renforcées par l’héritage. Mais la stratification ne se résume pas à l’inégale distribution de l’avoir( revenu, patrimoine) elle englobe l’inégale distribution du savoir, et du pouvoir selon Max Weber. Or l’argent est aussi source de pouvoir, argent nerf de la guerre, des campagnes électorales. Argent source de capital culturel, transformé ensuite en capital économique car acquérir un diplôme est coûteux et dépend de la stratégie des familles pour investir dans l’école selon R Boudon, ou de l’héritage selon P Bourdieu.
          En fait l’argent n’est il pas dans une société libérale, source essentielle d’inégalités et de stratification acceptables, selon Rawls grâce à la méritocratie et aux transferts de l’Etat Providence ?....Mais n’y a t’il pas des sociétés sans argent, ou alors dont la stratification repose avant tout sur la tradition ou la  religion ?
           Dans les économies capitalistes l’argent peut être  vu comme une cause essentielle des inégalités d’avoir, pouvoir, savoir…       toutefois dans les économies primitives sans argent, dans les sociétés d’ordres, et de castes la stratification ne repose pas fondamentalement sur l’argent.

suite de l'intro "l'obsession des frontières"


« obsession des frontières » car l’identité d’ensemble multiétatiques comme l’U.E  est mal définie :faut il intégrer les Etats qui la bordent ? Turquie ? extension : reculer la frontière pour régler les confins : méthode de consolidation territoriale datant du 18è siècle.
2 mouvements opposés concernent les frontières  obsolescence/ résistance :
frontière anachronique : 470 millions de personnes franchissent chaque année les frontières des Etats Unis, 50 millions d’entées par an en France + liberté de circulation, 200 MILLIONS de travailleurs migrants, soit 3% de la population planétaire+ hausse des échanges de marchandises, 3x plus rapide que la croissance de la production+ taux d’ouvertures en hausse atteignent 15% du PIB EN MOYENNE et 38% en moyenne pour les Etats européens avec les échanges  intracommunautaires+ flux financiers encore plus élevés : capitalisation boursière dans le monde(stock d’actions cotées dans les bourses)dépasse de 3x le montant de  la production mondiale+ circulation des images source de conflits entre les différentes cultures mises en contact(choc des civilisations entre occident et pays islamiques fondamentalistes)
mouvement opposé : résistance des frontières   :   la problématique migratoire  en europe, russie , états unis est souvent traitée de manière sécuritaire + développement des flux migratoires effet de la mondialisation : contact entre foyers démo-économiques de niveau de vie trop différents + le contrôle des zones désertiques : enjeux au Sahara, Sinai, golf d’oman)donc les groupes nomades(touaregs, bédouins) sont des enjeux de pouvoir+ au plan éco pas de marché mondial unique : effet de frontière est une énigme( flux internes nettement supérieurs aux flux entre Etats voisins) ex tchequie et slovaquie échangent 4x moins entre elles depuis l’éclatement de la thecoslovaquie) à cause des droits de douane, barrières non tarifaire, variation de taux de change, insuffisance de l’Etat de droit pour garantir les contrats privés(problèmes juridiques en cas de désaccord entre importateurs et exportateurs, risque, méconnaissance de l’autre)
5  les frontières sont des institutions
« la frontière est un ligne, limite l’espace sur lequel s’étend une souveraineté nationale »selon le géographe Jean Gottmann. Cette définition simple est contestée par les théoriciens contemporains insistant sur les interactions entre sociétés avoisinantes
frontière mot féminin qui vient du masculin front, aller en frontière c’était aller au front, là ou se trouvait l’ennemi mais avec la pacification des rapports sociaux on parle de frontières aujourd’hui et non de front Jeanne D’Arc disait « y m’est bien tard que demain soit pour voir les anglais en frontière »
les frontières sont des discontinuités territoriales, à fonction de marquage politique : institutions établies par décision politique et régies par des textes juridiques, qu’elles soient concertées ou imposées. L’Etat est souverain à l’intérieur de ses frontières pour faire sa loi, et le droit international public est la loi commune de coexistence d’Etats
.Frontière , ligne de partage des souverainetés, démarcation sur le terrain par des bornes, cadre de transmission de la citoyenneté :  « pas d’identité, sans frontière » L’ordre politique moderne est la reconnaissance des frontières : territoires+souverainetés. Depuis le traité hispano-hollandais  de westphalie de 1648  a été précisé les frontières de 9 Etats et ensembles étatiques, de même en 1919 et 1948. Donc la souveraineté est le droit exlusif de la violence interne et a été reconnue depuis 1648.C’est le modèle de base entraînant l’importance des traités frontaliers : forcer une reconnaissance, source d’égalité formelle des Etats.
Frontière créant le lieu d’exercice des fonctions étatiques précises, en temps de paix, avec droit national singulier , source de franchissement illégal des frontières (poursuites sauf réfugiés politiques). Limite militarisée : point d’entrée et sortie du territoire, valeur symbolique et les premiers accrochages font des gardes frontières les premières victimes en cas de guerre. Fonction fiscale, taxe sur les transactions et visas pour personnes,qui rapportent aux Etats mais il y a aussi un coût de la non europe, du non Maghreb : il n’y a pas de « sans frontière » ainsi la fermeture de la frontière algerie maroc aurait coûté un point de croissance du PIB.A l’inverse le protectionnisme peut entrainer des recettes pour l’Etat ex de l’automobile en inde. Cout pour les migrants qui renvoyent chaque année 300 milliards de dollars souvent par western union, qui prélève  15% des montants. Fonction de contrôle avec les visas pour les flux migratoires, toutefois les frontaliers bénéficient de régimes spéciaux.Il existe depuis le 19è siècle ,une police culturelle à l’intérieur des Etats nations (école obligatoire, langue officielle obligaoire)mais qu’en est il à l’heure d’internet ? en fait les régimes autoritaires dictent leurs règles aux opérateurs
Fonction d’identité de la frontière même avec l’ouverture concertée des frontières dans l’U.E(chaque nation garde sa culture)mais il faut passer d’une identité close et défensive à une identité ouverte pour certains.
Besoins de frontières ? U.E est une exception géopolitique avec  sa suppression concertée de la  fonction de barrière, mais il y a frontex  pour l’éxterieur de l’U.E, depuis 2006 pour contrôler les flux migratoires.Dans les Etats à conception plus classique, surtout les Etats recents, la frontière est  instrumentalisée par rapport aux voisins : frontière=frontmilitaire=valeur constitutive de l’Etat Nation=identité nationale.
Frontières sont  donc des institutions territorialisées
a) échelle de l’Etat national, plurinational : contrôle régalien exclusif, légal sur un territoire, pendant des siècles la conscription symbolisa l’unité nationale(service militaire obligatoire) mais une minorité de pays ont supprimé ce service militaire  obligatoire= dévaluation symbolique de la frontière mais aussi perte de sécurité :réel ou supposé ?la frontière a une fonction de représentation essentielle de la nation, c’est sa carte mentale , son histoire.
b)échelle interétatique : souveraineté reconnue par les autres= inviolabilité. Intangibilité, fixité ? non si échange de territoire d’un commun accord.
c)échelle régionale et locale :pratiques sociales variant selon le degré d’ouverture de la frontière : barrière ? ressource ? donc différenciation des identités, langues, comportements.Mais aussi création de zones frontalières avec exploitation par les populations des différentiels de salaires, prix, impôts.
Conclusion de l’intro : frontière, lieu de l’asymétrie  entre ensembles englobants. Ne pas opposer ligne politique et région socio économique ; lieu de fonction de l’Etat et celui du jeu du marché : car bien des fonctions de contrôle s’exercent désormais non plus sur l’enveloppe extérieur(frontière)mais aux portes d’entrés que sont  les aéroports ou les « networks barriers » barrières du monde en  réseau.
Les frontières sont du temps inscrit dans l’éspace : lieux de mémoire et de ressentiment . Certes elles perdent leur importance(mondialisation)mais gagnent en signification : même si la rhétorique dominante du « sans frontière » invite à un monde solidaire ? ou alors un monde lisse : un seul marché ? en fait le monde a besoin de frontières, cet élément entre cultures et humanité(une nation a une culture protégée par la frontière, le cosmopolitisme serait la suppression totale des frontière :une seule planète,un seul pays mais avec le danger de la disparition des cultures nationales et l’émergence d’une culture monde).




ERIC CHIPOT, professeur agrégé de sciences sociales, ancien science po :RESUME DE L’INTRO DU LIVRE DE M FOUCHER      L’OBSESSION DES FRONTIERES    :   L’ART DES LIMITES
1      Depuis  20  ans le monde ne cesse de produire des frontières :26000KM depuis 1991, marché florissant pour les cabinets d’avocats spécialisés dans l’arbitrage international. Pourquoi ? car nouveaux pays indépendants 51 Etats inscrits à l’ONU en 1945 , 193 en 2007 : 4x plus en 50 ans .Au total 248 000KM de frontières politiques terrestres + 322 000KM de frontières interétatiques(ex U.E) total : + de 500 000KM !
CAR le monde s’est divisé selon le principe wilsonien d’autodétermination(droit des peuples à disposer d’eux mêmes , avoir un Etat donc un territoire avec frontières pour s’autogouverner)
CAR créer une frontière permet de régler un problème : ligne fortifiée pour contenir des menaces à la sécurité ou ralentir des flux migratoires
CAR un mur est photogénique et rassure l’opinion qui se sent protéger par un bon gouvernement !
CAR en Afrique existe un «  programme frontières «  pour caractériser 60 000KM qui ne le sont pas encore
CAR il y a territorialisation des Etats, s’inscrire dans la mondialisation à partir d’une base territoriale bien établie est une nécessité (préserver l’identité des peuples)

2     Mondialisation s’oppose à frontières MAIS EN APPRENCE SEULEMENT( ultralibéralisme ,monde sans  frontières, marché parfait) on parle de globalisation depuis T Levitt 1983 qui évoquait la stratégie des firmes pour vendre  partout le même produit standardisé. L’expression « monde sans frontières » est de K Omahe  OR DEJA dans le passé les conquêtes ont entrainé des frontières : s’entendre sur les sphères  d’influence(donc mondialisation peut aller de paire avec frontières)
3   On compte 4 mondialisations et leurs frontières :
1ère : époque de C Collomb et Magellan : frontière inventée pour déterminer à qui appartiendraient les nouvelles terres découvertes par l’Espagne et le Portugal : le pape décréta que les terres à découvrir à l’ouest du méridien cap vert seraient espagnoles , à l’est seraient portugaises. Ce partage accompagnait la 1ére mondialisation marchande et incita français et anglais à se lancer dans les expéditions.
La 2è : fin du 19è s consécutive à la révolution industrielle, se déroula en Afrique : en 25 ans 70% des tracés actuels furent décidés : partage sur la papier, puis sur le terrain après 1880.
3è mondialisation « rideau de fer » « métafrontière idéologique » création du bloc communiste par rapport à 2 autres blocs :monde développé, pays en développement(tiers monde).Partage lié au sort des armes(selon la libération ou non par l’armée rouge URSS ou l’armée US)Mais dès 1978 cette métafrontière idéologique s’effrita avec la modernisation autoritaire et l’ouverture du pôle chinois(se tourne peu à peu vers l’éco de marché) et l’urss qui 20 ans plus tard
4è étape, de 1989 à nos jours, éclatement de l’URSS puissance qui dominait en partie la scène internationale, dislocation de l’intérieur, avec transformations de limites anciennes en frontières internationales de nouveaux Etats. Donc on reprit les tracés existants par accords bilatéraux, selon le principe qui fondes les arbitrages de la Cour Internationale : UTI POSSIDETIS ITA POSSIDEATIS : puisque vous possédiez, vous possédez. Les Etats successeurs doivent donc respecter les tracés administratifs antérieurs : nouvelles frontières oui, mais sans nouveaux tracés. Arbitrage de la cour internationale fréquents, et 30% seulement des frontières maritimes ont fait l’objet de traités, tandis que la course pour le contrôle de l’océan arctique a repris.Cette 4è étape est donc originale,se situant hors Europe et Etats Unis, sans nouvelles frontières définies à priori, comme ce fut le cas pour l’Afrique vers 1880.

4      La scène frontalière contemporaine
« obsession des frontières » CAR impératif de sécurité stratégique, CAR appropriation unilatérale d’aires contestées, CAR marquage de territoires de pays anciens ou d’Etats récents, CAR protection contre les marginaux et les flux jugés indésirables
« frontière » membrane asymétrique : autorise sortie mais protège des entrées indésirables (sensibilité de l’opinion publique : l’Etat doit montrer qu’il n’a pas perdu le contrôle de ses frontières

ERIC CHIPOT coordinateur de la prépa AORAI : EXCELLENTS RESULTATS AU BAC

Sur les 7 élèves qui suivent chaque mercredi la prepa science po aorai, nous avons 5 mentions TRES BIEN et 2 MENTIONS BIEN au baccalauréat.... c'est de bon augure avant le concours d'entrée aux 6 IEP de Province qui aura lieu ce jeudi 30 juin.C'est aussi le signe que la préparation méthodologique a contribué à votre excellent niveau, bravo pour votre assiduité.
Par ailleurs veuillez prendre note : nous allons préparer les mentions très bien à un nouveau grand oral pour l'entrée à Science po, avec Leopold Biardeau, Bruno Algan, Eric Chipot, 3 anciens Science po, ce samedi 2 juillet à 8H30 au lycée Aorai.

mercredi 11 mai 2011

sujet prepa QUESTIONS CONTEMPORAINES

POUR LA SEANCE DU 11MAI
Sujet à traiter:

" Face à la crise de la mondialisation faut il ouvrir ou contrôler les frontières ? "

Travail demandé, 3 brouillons

1 clef qui, fait quoi, ou, quand, comment , pourquoi....... délimitation du sujet
2 clef HESJPEC...... connaissances et plan détaillé
rédaction d'une intro PDPP et conclusion EEE
il est impératif de se placer dans les conditions du concours des IEP
donc de réaliser ces 3 brouillons en  1H30
corrigé le 18, après la confèrence de C Pierret ancien prèfet, diplômé IEP Paris
merci
bon travail
ERIC CHIPOT  professeur agrégé, coordinateur de la prépa aorai
PS veuillez apporter vos manuels sur frontières- argent afin que je vous donne
des pistes pour les résumer.

lundi 25 avril 2011

URGENT CONFERENCE DU MERCREDI 27 AVRIL

C Ricoux donnera une conférence de méthodologie , pour la dissertation d'histoire,
à partir des conseils de D Delprete directeur de l'iep d'AIX
PRESENCE INDISPENSABLE FAITES MARCHER VOS PORTABLES contactez les absents!!
venir avec le dossier remis le 20 avril à propos de la dissertation d'ordre général à l'entrée de
l'IEP DE PARIS, certains conseils sont valables pour l'épreuve d'histoire
PAR AILLEURS nous sommes en pleine réflexion pour améliorer la prépa, avec des conf plus courtes
et de la methodologie, plan , exercices, bref restons mobilisés, ce n'est pas le moment de louper une
séance....
,ERIC CHIPOT professeur  agrégé de sciences  sociales, coordinateur de la prépa.

samedi 5 mars 2011

Conférence de Mr Bruno ALGAN


Prépa au concours 2011 des IEP de Province / Questions contemporaines

Intervention préparée par Bruno ALGAN





                                               L’ARGENT




         Nombreuses sont les citations sur le thème de l’argent, car aussi nombreuses sont les formes que peut prendre cette notion d’argent. Ma citation préférée est celle de Balzac : « il faut de l’argent, même pour se passer d’argent ».

 Les différentes formes de l’argent peuvent être synthétisées en deux grandes catégories : une première catégorie peut regrouper ses multiples fonctions économiques et monétaires : moyen d’échange entre les individus, source de revenus, d’épargne et de constitution de patrimoine, moyen de financement de la consommation ou de l’investissement grâce au crédit. Nous consacrerons donc une première partie à l’examen de ces différentes fonctions « matérialistes » de l’argent. Nous parlerons également de la couleur de cet argent matériel, blanc dans ses usages légitimes, noir dans ses utilisations frauduleuses, avec les efforts entrepris pour lutter contre le « blanchiment » de cet argent sale.
        
Mais l’argent ne se réduit pas à ses fonctions économiques et monétaires. Il est en effet revêtu de significations morales, religieuses ou politiques, qui ont évolué historiquement, et qui lui donnent une dimension sociologique. L’argent est donc un phénomène social que nous aborderons dans la seconde partie. Et comme tout fait social, l’argent est connoté par rapport à des valeurs partagées. Contrairement au dicton célèbre de l’empereur romain Vespasien (à l’occasion de la mise en place d’une taxe sur l’urine), l’argent a une odeur, que l’homme feint souvent de ne pas sentir. Le philosophe français Henri Janson a complété judicieusement la citation de Vespasien, en déclarant « Ce n’est pas que l’argent n’ait pas d’odeur, c’est l’homme qui n’a pas d’odorat ».  




PREMIERE  PARTIE :


LA DIMENSION ECONOMIQUE ET MONETAIRE DE L’ARGENT
                                      La couleur de l’argent




        
         Dans la sphère économique, l’argent est d’abord et avant tout un moyen d’échange,qui favorise les transactions entre agents économiques en procurant une unité de compte pour mesurer et comparer la valeur des biens et services échangés. Son support matériel est la monnaie, qui est la première représentation de l’argent, en tous cas la plus concrète.  
         Ensuite, l’argent représente la valeur des revenus du travail ou du capital perçus par une personne sur une période donnée. Ces revenus accumulés constituent le patrimoine, c’est à dire l’ensemble des biens acquis grâce à l’argent épargné.
         Enfin l’argent peut être emprunté, grâce au crédit bancaire qui permet de financer la consommation ou les investissements des agents économiques.
         Toutefois, cet argent monétaire a parfois des origines troubles, et ses bénéficiaires vont alors tenter de le blanchir. La lutte anti-blanchiment de l’argent « noir » est devenue une préoccupation majeure des gouvernements.

1 ° La fonction monétaire de l’argent

         Le support matériel de l’argent est la monnaie, qui permet de faciliter les échanges, en procurant un instrument de mesure des valeurs. Elle sert d’unité de compte pour comparer la valeur des biens et services, qui seront échangés entre les agents économiques, qui ont confiance dans cet instrument.

         Une organisation sociale fondée sur l’échange est un préalable à l’utilisation de la monnaie. L’économiste écossais Adam Smith a parfaitement théorisé, dans « La richesse des nations », publié en 1776, la contribution de l’argent au progrès du commerce et de l’industrie : la multiplication des échanges lui apparaît comme la « raison irrésistible » de l’apparition de la monnaie. Pour cet auteur, l’argent fut inventé à cause de la nécessité de l’échange.
  Ensuite, pour que l’échange monétaire soit possible, il faut que l’utilisation de la monnaie soit aussi sûre que tout autre moyen d’échange, comme le troc par exemple. Il faut pour cela une autorité politique forte et centralisée, qui seule permet de maintenir la confiance dans la monnaie d’échange, en en garantissant sa valeur et donc son usage.
Au cours de l’histoire, on a vu apparaître différentes formes de monnaie. La monnaie marchandise fut la première à être utilisée, dans l’Antiquité, par les individus comme moyen de paiement (coquillages, barres de sel, jarres d’huile, plumes rouges en Océanie…). Ce système archaïque s’apparentait au troc, et limitait les échanges à un cercle humain et géographique très étroit. Ensuite est apparue, au 7ème siècle avant JC, la monnaie métallique : l’or et l’argent se sont vite imposés en raison de leur qualité physiques : ce sont des métaux rares, inaltérables et divisibles en pièces de différentes valeurs. La monnaie de papier n’est apparue que tardivement, au 18ème siècle : c’est le billet de banque, papier spécial imprimé par une autorité publique, sur lequel la valeur nominale indiquée est garantie par l’Etat. S’il a été longtemps convertible en or (c'est-à-dire en monnaie métallique), le billet de banque est désormais, depuis le milieu du 20ème siècle, totalement détaché du métal précieux. Définitivement inconvertible, il n’a de valeur que par ce qu’il est accepté par tous les agents économiques. Cette acceptation est basée sur la confiance, grâce à la garantie de l’Etat : la monnaie papier est devenue monnaie fiduciaire (fiducia=confiance).

Actuellement, dans nos sociétés modernes, deux types de monnaie sont en usage : la monnaie manuelle et la monnaie scripturale. La monnaie manuelle est constituée de pièces métalliques de faible valeur nominale, et de billets de banque, émis tous deux par la Banque centrale (Banque de France ou Banque Centrale Européenne pour les euros).Cette monnaie manuelle est également dénommée monnaie fiduciaire, car sa valeur faciale est infiniment supérieure à sa valeur réelle (quasi-nulle en poids de métal ou de papier) : c’est une monnaie à laquelle on fait confiance.
La monnaie scripturale (scriptura=écriture) est constituée par l’ensemble des inscriptions dans les comptes en banque. Elle circule d’un compte à l’autre par un simple jeu d’écritures comptables, grâce à des supports tels que le chèque, le virement, effets de commerce, avis de prélèvement ou règlements par carte bancaire.

Ce rapide rappel  historique met en lumière un processus de  dématérialisation progressive de la monnaie depuis 2 siècles, avec la suppression croissante de tout support matériel. Ce processus s’est développé en trois étapes : d’abord la monnaie métallique a régressé devant la monnaie manuelle ; ensuite les pièces et les billets ont perdu du terrain au profit de la monnaie scripturale sur supports papier (chèque et virement manuel) ; enfin, la monnaie scripturale papier recule de plus en plus devant les règlements électroniques (la carte bancaire a désormais supplanté le chèque comme moyen de paiement des particuliers).

        

2° L’argent que l’on gagne

         L’argent est un étalon qui permet de mesurer le niveau de revenus des individus ou des ménages. Le revenu se définit en effet comme les sommes d’argent perçues par un agent économique au cours d’une période considérée, en général un mois ou une année.
On peut rappeler quelques notions classiques sur les revenus. Les économistes distinguent les revenus primaires, perçus en contrepartie de la réalisation d’un facteur de production, et les revenus de transfert perçus sans contrepartie. Les revenus primaires comprennent d’une part les revenus du travail (salaires, honoraires pour les professions libérales ou facturations pour les travailleurs indépendants), et d’autre part les revenus du capital (intérêts sur placements, dividendes sur actions de sociétés, loyers sur biens immobiliers).
Les revenus de transfert correspondent à l’argent perçu sans contrepartie d’une participation à la production : les allocations familiales, les indemnités de chômage, le RMI, les retraites…
         Le revenu disponible est l’argent que conserve l’individu ou le ménage, après déduction des prélèvements fiscaux et sociaux opérés par les pouvoirs publics (impôts sur le revenu versé à l’Etat ; cotisations sociales versées aux organismes de sécurité sociale et de retraite).

         En France, les chiffres de la  comptabilité nationale, et des enquêtes réalisées par l’INSEE à partir d’un échantillon de déclarations fiscales,  permettent de globaliser l’ensemble des revenus disponibles des ménages et de calculer un certain nombre d’agrégats : le revenu moyen disponible par ménage (34 450 euros en 2008); le montant et la composition du revenu moyen par tranches d’âge ;  le niveau de vie moyen annuel par individu (22 110 euros en 2010), le revenu médian par individu ( environ 1600 euros) et le seuil de pauvreté monétaire pour un individu ( 950 euros par mois). L’ensemble de ces travaux permet de nourrir la réflexion sur les inégalités de revenus et la pauvreté.

         Les grandes tendances dégagées par les études de l’INSEE depuis 1945 sont les suivantes :
- Les revenus disponibles et le pouvoir d’achat augmentent globalement, même si certaines catégories en profitent moins que d’autres.
- La composition des revenus des ménages se transforme profondément : la part des revenus primaires diminue régulièrement, au profit de celle des revenus de transfert.
- L’inégalité des revenus a globalement diminué jusqu’en 1980, s’est stabilisée jusqu’aux années 1990, pour augmenter à nouveau depuis lors.
- La baisse de la pauvreté dans l’ensemble de la population, en particulier chez les personnes âgées, mais nuancée par l’apparition d’une nouvelle pauvreté, liée à la précarité. En France, le seuil de pauvreté, calculé à 60% du revenu médian, est de 950 euros par mois en 2008. Le taux de pauvreté (nombre de personnes situées en dessous du seuil) est de 13% de la population en 2008, contre 18% en 1970.

         En Polynésie Française, le seuil de pauvreté a été calculé par l’ISPF , à partir d’une enquête sur les conditions de vie des ménages des Iles du Vent, réalisée en 2009 sur un échantillon de 1000 ménages de Tahiti et Moorea (qui regroupent 3 / 4 de la population de PF). Ce seuil de pauvreté a été établi à 49 000 xpf par mois (soit 408 euros), et prés de 20% des individus ont un revenu situé en dessous de ce seuil, contre 18% lors de la précédente enquête de 2001.

         Les écarts de revenus entre les ménages peuvent être corrigés par une politique de redistribution des revenus mise en place par les pouvoirs publics. Dans les « Etats providence » comme la France, ceux-ci s’efforcent de réduire les inégalités de revenus au moyen de l’impôt. L’IRPP, qui est un impôt progressif, opère  un prélèvement sur les plus riches, dont le produit est redistribué en faveur des plus pauvres, sous forme de prestations sociales (les revenus de transfert). L’importance de cette redistribution est un choix politique, qui distingue significativement les partis de droite de ceux de gauche, selon la terminologie habituelle.

3° Les utilisations de l’argent gagné
          
         Le revenu est d’abord dépensé pour la consommation. L’épargne est la partie du revenu qui n’est pas consommée. La comptabilité publique calcule annuellement le taux d’épargne des ménages : ce taux est le rapport entre le montant global de l’épargne et le montant du revenu brut disponible.
En France, le taux d’épargne des ménages a baissé régulièrement depuis 30 ans, de 19,4% en 1970 à 15,4% en 2008, en raison d’une progression de la consommation supérieure à celle des revenus. A noter toutefois une inversion de tendance en 2009 : le taux d’épargne  est remonté à 16,2%. Ceci est du sans doute due aux inquiétudes nées de la crise économique, qui a favorisé ce qu’on appelle l’épargne de précaution.
L’argent épargné peut être employé sous diverses formes : soit en épargne liquide (comptes d’épargne tels le CSL, le Livret A ou le Livret Jeune), soit en épargne investie dans des placements (tels le PEL ou les valeurs mobilières) ou investie des achats immobiliers. En 2009, le taux d’épargne des ménages français est constitué principalement d’investissements immobiliers (8,2%), toujours supérieurs à l’épargne liquide et financière sous forme de placements (6,8%).

         La question des facteurs qui inciteraient les individus à privilégier la consommation ou l’épargne, fait l’objet d’une querelle doctrinale entre deux écoles de pensée : l’école néoclassique et l’école keynesienne.
         Pour les économistes néoclassiques, le niveau d’épargne est déterminé par le taux d’intérêt. Si celui-ci est élevé, l’individu est incité à épargner, puisque cette épargne lui procurera des revenus futurs importants. C’est donc l’épargne qui précède et détermine la consommation.
Pour l’économiste anglais John Keynes et ses adeptes, le niveau d’épargne n’est pas déterminé par le taux d’intérêt, mais par le niveau de revenus de l’individu. Celui-ci consomme d’abord et attribue le reste de son revenu à l’épargne : c’est donc la consommation qui précède l’épargne. Plus le revenu augmente, plus l’épargne s’accroît. Keynes a théorisé la fameuse « propension marginale à épargner », qui mesure la proportion d’augmentation de l’épargne par rapport à l’augmentation du revenu.
        
         La répartition des revenus entre la consommation et l’épargne joue un rôle important sur la conjoncture économique globale d’un pays. En effet, si l’épargne est faible, cela peut menacer l’investissement et donc la croissance économique à long terme. A contrario, si l’épargne est forte, on peut craindre un ralentissement de la consommation, et donc de la croissance économique à court terme. La limite est donc étroite entre le trop d’épargne et l’insuffisance d’épargne, et ce débat constitue la ligne de partage entre, d’une part les politiques économiques de l’offre (des libéraux) qui privilégient l’épargne longue et l’investissement, et d’autre part les politiques économiques de la demande (des sociaux-démocrates) qui donnent la priorité à la consommation.

4° L’argent que l’on accumule

         Comme a l’a vu plus haut, l’argent épargné et accumulé est utilisé pour constituer un patrimoine. Le patrimoine est composé de l’ensemble des biens possédés par un individu ou un ménage à une date donnée. Ces biens sont de différente nature : de l’argent-monnaie sous forme de placements bancaires ou financiers ; des biens immobiliers sous forme de terrains, de maisons ou d’appartements ; des biens mobiliers sous forme de bijoux, de meubles ou tableaux entre autres. Certains éléments de patrimoine génèrent des revenus, qui viennent à leur tour augmenter la valeur du patrimoine : intérêts sur placements, loyers de biens immobiliers.

         Les pouvoirs publics cherchent à connaître les patrimoines et leur répartition entre les individus ou les ménages. C’est le rôle de l’INSEE en France, qui réalise régulièrement des enquêtes sur le patrimoine des ménages, à partir des déclarations fiscales (ISF et déclarations de succession). Ces travaux permettent d’analyser les inégalités de patrimoine. La dernière enquête disponible date de l’année 2004, et mettait en lumière les traits suivants :
- La composition du patrimoine moyen des salariés : 77% de biens immobiliers et 21% d’actifs financiers
- Les montants détenus de patrimoine : les ménages possèdent en moyenne 165 000 euros, mais seulement la moitié d’entre eux a un patrimoine supérieur à 98 000 euros (patrimoine médian).
- Le patrimoine est très inégalement réparti dans la population : les 5% les plus fortunés possèdent le tiers de la richesse du pays, et les 10% les plus riches 46% de la fortune nationale. Les 50% les moins fortunés ne possèdent que 7% du patrimoine français.

         La tendance générale est toutefois à la réduction des inégalités de patrimoine depuis 1945, en particulier grâce au développement de l’accession à la propriété du logement principal : en 2004, 56% des français possèdent leur résidence principale. Cette tendance s’est prolongée depuis lors (au rythme de 1% par an), grâce au développement du crédit immobilier et à la baisse des taux d’intérêt.

5° L’argent que l’on emprunte

         La notion d’argent n’est pas seulement induite par celui qu’on gagne, et que l’on épargne. L’argent peut également être obtenu par l’emprunt, dans le but de financer l’acquisition de biens de consommation ou de biens immobiliers.
         Le crédit à la consommation, accordé par les établissements bancaires, permet de disposer immédiatement d’une somme d’argent qu’on ne possède pas, afin de satisfaire un besoin de consommation. Au lieu d’être différé dans le temps, au terme d’un effort d’épargne préalable, le besoin est immédiatement satisfait, grâce à cette création monétaire réalisée par le crédit de la banque. Le crédit est remboursé sur une période de 1 à 5 ans, selon l’objet financé.
         Le crédit immobilier permet d’acheter un appartement ou construire une maison et de devenir propriétaire de son logement. Au lieu de payer des loyers à un propriétaire, on rembourse des échéances mensuelles de crédit durant une longue période (15 à 25 ans).
         La Banque de France publie annuellement le taux d’endettement des ménages, c'est-à-dire le rapport entre d’une part les charges de remboursement de tous les emprunts, et d’autre part le montant des revenus des emprunteurs: ce taux augmente régulièrement : 32% en 2008, contre 28% en 2000

         Le crédit s’est fortement démocratisé depuis les réformes Debré (ministre des finances de l’époque) de 1966/1967.Ces réformes ont ouvert les banques à la clientèle des particuliers, et ont été le point de départ de la bancarisation progressive de la société française. En 2010, plus de 90% des individus de plus de 15 ans détiennent un compte en banque.

         L’argent « créé »  par le crédit présente incontestablement des avantages, mais peut entraîner des conséquences négatives.
         Au plan micro-économique, il permet à l’emprunteur d’anticiper l’acquisition des biens et d’accélérer le confort de vie. A contrario, le crédit, et surtout le crédit à la consommation, surtout utilisé par les ménages les moins fortunés, conduit parfois au surendettement, situation dans laquelle l’emprunteur est dans l’impossibilité de rembourser ses emprunts. A fin juin 2010, prés de 800 000 ménages français sont en surendettement, et font l’objet d’une procédure collective destinée à remédier à cet état. Près de 200 000 nouveaux dossiers sont déposés tous les ans auprès de la Banque de France.
         Au plan macro-économique, le crédit, en favorisant la consommation des ménages, soutient la production des entreprises ou la construction immobilière, et donc la croissance et l’emploi dans les secteurs concernés. A l’inverse, une progression trop rapide du crédit dans un pays donné, peut générer une forte inflation : c’est le cas quand le crédit augmente plus vite que les capacités de production, entraînant un déséquilibre entre l’offre et la demande de biens.

6° La couleur de l’argent

         On ne peut terminer le tour d’horizon des différentes représentations économiques et monétaires de l’argent, sans évoquer la couleur de cet argent. En effet, si la grande majorité des transactions, des revenus et des patrimoines ont une origine honorable et propre, un certain nombre ont une provenance illégale : fraude fiscale, trafic de drogue, trafic d’armes, corruption, activités mafieuses…
Cet argent sale, issu de la finance « noire », cherche à retrouver une apparence propre et honnête pour pouvoir être utilisé sans être repéré par les services de police : ce processus est dénommé le « blanchiment d’argent ».
         A l’inverse, certaines organisations peuvent vouloir développer des activités illicites, en convertissant de l’ argent « propre » en fonds occultes, qui devient donc de l’argent noir. Cette opération est appelée le « noircissement d’argent ».

         Le blanchiment d’argent est la technique criminelle la plus courante. L’expression viendrait du procédé utilisé par le gangster américain Al Capone pour recycler l’argent de ses trafics mafieux : il l’investissait dans l’achat de blanchisseries à Chicago. D’ou l’expression « passer l’argent sale à la lessiveuse » ! Il existe de multiples méthodes pour blanchir de l’argent noir : les plus usitées sont le dépôt d’argent liquide sur un compte bancaire ; l’achat de fonds de commerce ; l’achat de biens de luxe au comptant ; achats de jetons de casinos,etc…Avec la mondialisation des échanges de capitaux, la lutte contre le blanchiment d’argent est organisée par tous les gouvernements, dans le cadre d’une coopération internationale : le GAFI ( Groupe d’Action Financière) est un organisme intergouvernemental, basé à Paris, qui regroupe 34 pays, dont ceux du G20, qui publie des recommandations pour prévenir le blanchiment de capitaux et lutter contre le financement du terrorisme. De son côté, la Commission Européenne a adopté plusieurs directives, transposées en France sous forme de lois.

         Ces lois imposent un certain nombre d’obligations aux professions directement concernées par la LAB (Lutte Anti-Blanchiment), par ce qu’elles sont utilisés par les fraudeurs : en première ligne les banques , mais aussi les professions juridiques (notaires,avocats,administrateurs judiciaires), les agents immobiliers, les comptables, les casinos, les bureaux de change. Tous ces professionnels sont assujettis à une obligation de vigilance et de déclaration de soupçon, dans le cas ou ils ont des doutes sur l’origine des fonds qui leur sont confiés. Cette déclaration de soupçon doit être faite, confidentiellement (et sans en informer le déposant) à un organisme public du Ministère des Finances, TRACFIN. Celui-ci mène une enquête sur l’opération signalée, et transmet éventuellement le dossier à la justice si le soupçon est confirmé. En 2009, plus de 17 000 déclarations de soupçons ont été faites (dont environ 80% par les banques), et prés de 400 dossiers transmis au Parquet.  La non déclaration de soupçon est punie de sanctions pénales très sévères (5 ans de prison et 375 000 euros d’amende).

         Le noircissement d’argent est utilisé dans deux situations très différentes. La première concerne le financement du terrorisme : de multiples dons de faible montants (pour ne pas attirer l’attention), issus de revenus parfaitement légaux, sont déposés sur des comptes bancaires, puis transférés dans un pays étranger au profit d’une organisation pseudo caritative ou cultuelle, qui cache en réalité  un groupe terroriste. La seconde concerne les grandes entreprises internationales, qui utilisent leurs revenus « propres » pour verser des commissions occultes, dans le but d’obtenir un gros contrat (par la corruption de fonctionnaires ou de personnalités politiques). L’argent propre est devenu de l’argent noir.

         Nous avons en tête de récents exemples de ces changements de couleur de l’argent, aussi bien en Métropole qu’en Polynésie Française !




                                     


DEUXIEME PARTIE


LA DIMENSION MORALE ET SOCIALE DE L’ARGENT
                                      L’odeur de l’argent



         L’argent ne se réduit pas à ses fonctions économiques et monétaires. Il est en effet revêtu de nombreuses valeurs morales et culturelles, souvent d’origine religieuse, qui en font un fait social. L’argent est beaucoup plus que la monnaie, qui en est son support matériel ; c’est aussi une institution morale et sociale. Après avoir fait un tour d’horizon des différents jugements moraux sur l’argent au cours de l’histoire, nous aborderons donc sa dimension sociale. Dans les rapports entre groupes sociaux comme dans les interactions plus intimes entre individus, on constate que l’argent est « marqué », et qu’il a fréquemment, contrairement au dicton, une certaine odeur. 

1° La condamnation morale de l’argent

         Les individus entretiennent avec l’argent des sentiments souvent contradictoires et complexes. L’évocation de l’argent reste souvent discrète et embarrassée, même si tout le monde cherche à en gagner. Cette attitude ambivalente est liée à l’histoire, et aux jugements hostiles des philosophes ou autorités religieuses dans le passé.

         Déjà dans l’Antiquité, le philosophe grec Aristote, dans son livre sur « La Politique » critiquait l’accumulation de l’argent, qui tend à devenir une fin en soi, au lieu de simplement permettre la satisfaction des besoins en permettant l’échange. Il condamnait la pratique du prêt à intérêt : « il est totalement contre nature d’obtenir un gain de la monnaie elle-même, alors que la monnaie a été inventée en vue de l’échange ». Cette condamnation d’Aristote a beaucoup influencé la pensée de l’argent en Occident.
        
Le christianisme, et plus particulièrement le catholicisme, a multiplié les reproches adressés à l’argent. Nombreux sont les passages des Evangiles qui condamnent les riches. Les plus significatifs sont ceux de Luc : « vous ne pouvez servir Dieu et Mammon » (nom qui personnifie l’argent) ; et de Marc « il sera plus difficile pour les riches d’entrer dans le Royaume des Cieux, qu’à un chameau de passer par le trou d’une aiguille ». Dans la tradition chrétienne, la pauvreté a toujours été valorisée, à l’image des ordres monastiques des franciscains ou dominicains créés au 12ème siècle. La morale chrétienne condamne l’amour excessif de l’argent pour deux raisons : d’une part l’avarice ne peut rendre le « pécheur » heureux sur terre car la passion de l’argent est insatiable ; d’autre part la richesse est condamnée comme une insulte faite aux pauvres.
        
Cette condamnation morale de l’argent se diffuse dans le monde chrétien au Moyen Age. Thomas d’Aquin, moine dominicain du 13ème siècle, est considéré comme un des principaux maîtres de la théologie catholique ; dans son ouvrage intitulé « La somme théologique », il perpétue la distinction d’Aristote, entre l’usage naturel de l’argent, destiné à se procurer les besoins essentiels à la vie, et l’usage contre nature qui consiste à échanger l’argent contre l’argent en vue de réaliser un gain. A la même époque, l’Eglise catholique condamne le prêt à intérêt : tout prêt donnant lieu à un remboursement supérieur au montant principal est considéré comme « usuraire », et est proscrit. Cet interdit religieux de l’usure, jusqu’au 17ème siècle, constituait bien sûr un obstacle au développement économique ; la solution à ce dilemme consista à abandonner la pratique du prêt d’argent à la communauté israélite.

         En effet, dans la Bible hébraique, comme dans le Coran d’ailleurs, la richesse est considérée comme un signe de bénédiction divine : la richesse est bonne en soi, car elle rend possible l’offrande au Temple, permet d’apporter une aide aux pauvres, et libère du temps pour l’étude de la Bible. Le prêt à intérêts est autorisé par les textes (sauf entre juifs), de même que le profit commercial.

         Il faudra attendre le 16ème siècle, et la Réforme protestante de Luther et Calvin, pour assister à une rupture avec la méfiance traditionnelle à l’égard de l’argent. La Réforme introduit en effet une nouvelle vision du monde, dans laquelle la valorisation de l’argent devient un devoir impératif pour l’homme. Pour le théologien français Jean Calvin (1509-1564), la richesse ou la réussite financière n’est plus envisagée avec méfiance, car elle est au contraire un signe de la bénédiction divine. Cette nouvelle conception de l’argent a été déterminante pour la suite de l’histoire économique et sociale et pour le développement du capitalisme en Occident d’abord et ensuite dans le reste du monde.

         La réprobation morale de la richesse et de l’avarice n’est pas restée cantonnée dans la sphère religieuse. Les grandes œuvres littéraires multiplient les représentations négatives de l’avare : du poète italien du 14ème siècle Dante Alighieri , dans son ouvrage majeur intitulé « La Divine Comédie », jusqu’aux moralistes français du 17ème siècle, Molière et La Bruyère, les condamnations du personnage de l’avare sont nombreuses.

         Les romanciers du 19ème siècle perpétuent et élargissent cette réprobation morale. Dans son roman « Eugénie Grandet », Honoré de Balzac fait du père Grandet un archétype de l’avare. Des livres aussi célèbres que « Bel Ami » de Guy de Maupassant, ou « L’Argent » de Emile Zola, décrivent un monde de l’argent dominé par l’immoralité et les scandales : la recherche débridée de l’argent ne met pas seulement en danger les individus, mais menace toute la société. La condamnation religieuse de l’argent s’est transformée, chez ces auteurs, en une critique sociale beaucoup plus large.

2° La dimension sociale de l’argent

         A l’opposé de certains économistes libéraux, comme Adam Smith déjà cité, ou l’anglais John Stuart Mills (19ème siècle), qui ont développé une conception neutre et purement « matérielle » de l’argent, d’autres auteurs ont voulu insister sur la dimension sociale de l’argent. Le sociologue français François Simiand, dans son livre « Le salaire, l’évolution sociale et la monnaie » publié en 1932, a qualifié l’argent de réalité sociale : « on ne peut séparer l’argent des ensembles sociaux dans lesquels il circule , et il faut l’analyser à travers l’étude de ses représentations intellectuelles et affectives dans les différents groupes sociaux ».

         L’économiste Keynes s’est également démarqué de la conception « neutraliste » de la monnaie. Dans son livre « Théorie de l’emploi et de la monnaie » écrit en 1935, il a développé une conception qui intègre les facteurs  psychologiques dans le comportement des individus et des groupes sociaux, dans leurs rapports avec l’argent. Selon cet auteur, les utilisations de l’argent ne sont pas seulement fondés sur des choix rationnels, mais aussi et surtout sur des réactions affectives ou parfois pulsionnelles ; ces réactions sont elles mêmes déterminées par l’appartenance socioculturelle des individus. La détention d’argent apaise l’inquiétude de certains individus devant l’avenir, et Keynes la définit « comme un lien entre le présent et le futur ».
        
         On ne peut évoquer la dimension sociale de l’argent sans citer deux auteurs célèbres, bien que leurs théories, plus philosophiques que sociologiques, aient pris de l’âge. Le sociologue Georg Simmel, a consacré un chapitre de son ouvrage déjà cité « La philosophie de l’argent », publié en 1900, au lien entre l’argent et la liberté individuelle : la possession d’argent aurait un pouvoir désaliénant, en libérant les personnes des liens personnels et des obligations sociales, qui sont prégnants dans les sociétés traditionnelles (exemple des tribus canaques). Grâce à l’argent, l’homme moderne est émancipé de nombreuses attaches, puisque son lien avec ses contemporains se fait par l’intermédiaire de l’argent. Cependant, la libération offerte par l’argent a pour contrepartie l’affaiblissement des liens familiaux ou  communautaires traditionnels.

         Le célèbre Karl Marx, dans son non moins  célèbre ouvrage « Le Capital », publié en 1867, décrit le processus historique et sociologique de l’argent. Tout le monde connaît la condamnation marxiste de l’accumulation de l’argent, et donc de la domination des détenteurs du capital sur les prolétaires, avec les bouleversements sociaux que cela génère. Pour Marx, l’argent n’est pas neutre, et affecte profondément les rapports sociaux.

         Abordons maintenant une autre question à propos de l’argent : celui-ci est-il synonyme de statut social? Au-delà des différences de niveau de vie et de modes de consommation entre classes sociales, peut-on dire que seule la
richesse économique et monétaire détermine le statut social d’un individu ?
        
Certains auteurs estiment que la richesse monétaire n’est pas suffisante pour définir la richesse en tant que position sociale. Le sociologue français Pierre Bourdieu (1930-2002) a consacré de nombreux ouvrages à l’étude des hiérarchies sociales et de leurs mécanismes de reproduction. Sa théorie s’oppose à la doctrine marxiste, selon laquelle les groupes sociaux se structurent à partir des processus de production économique, avec d’un côté les ouvriers et de l’autre côté la bourgeoisie capitaliste. Bourdieu pense que les groupes sociaux, et le statut social de leurs membres, sont en réalité déterminés par 4 types de capital et non par un seul :
Le capital économique, constitué des revenus et du patrimoine d’un individu.
Le capital culturel, constitué de l’ensemble des ressources culturelles d’un individu, c'est-à-dire son bagage scolaire et universitaire, ainsi que sa familiarité avec la culture générale de son pays.
Le capital social, constitué par l’ensemble des relations entretenues dans le cadre d’un réseau.
Le capital symbolique, enfin, synthétise toutes les formes précédentes de capital et procure une reconnaissance particulière , qualifiée de prestige, dans la société.
         Si Bourdieu pense que le capital économique et le capital culturel sont les deux formes de capital les plus importantes dans nos sociétés, il estime que les relations et le prestige jouent un rôle non négligeable dans la position sociale des individus. L’argent n’est donc pas le seul « marqueur » social, qui trace les frontières symboliques entre les individus et les groupes sociaux.

         Un exemple en est proposé par l’auteur américain David Brooks, dans son livre « Les bourgeois-bohèmes » publié en 2000, qui a débouché sur le terme de « bobos ». L’auteur caractérise les groupes sociaux non pas en fonction de leur richesse économique, mais selon les valeurs intellectuelles et culturelles qu’ils partagent. Il s’agit d’une nouvelle forme de bourgeoisie, pas forcément riche de patrimoines ou de revenus élevés, qui apparaît à côté de la bourgeoisie traditionnelle, qui fondait sa cohésion sociale sur sa richesse économique.

         Bien évidemment, toutes ces théories ont fait l’objet de critiques, mais elles font partie du « capital culturel » qu’un candidat au concours des IEP se doit de connaître.

3° L’odeur de l’argent

         Pour terminer cette revue de détail des représentations morales et sociales de l’argent, je voudrais aborder la question de l’usage de l’argent dans la sphère privée. J’utiliserai pour cela les travaux d’une sociologue américaine, Viviana Zelizer, enseignante à l’Université  de Princeton. Dans son livre « The social meaning of Money » publié en 2004, cette auteure analyse la circulation de l’argent dans les familles, et démontre que « l’argent a une odeur, et que ses utilisateurs se l’approprient et le colorent de significations sociales, culturelles ou affectives ». Pour Zelizer, l’argent est marqué par les différents membres de la famille, selon son origine, sa fonction ou son utilisateur. L’odeur de l’argent correspond à la signification sociale que chacun lui attribue, selon sa situation dans le cercle familial.
         Par rapport à l’origine : l’argent n’a pas la même odeur selon qu’il est gagné par le travail (salaire, honoraires…), qu’il est reçu en cadeau (donation des parents, étrennes …), qu’il est gagné grâce à un jeu de hasard ( loterie, casino…), qui sont toutes trois des origines légales. Si l’origine de l’argent est illégale (fraude, trafic, détournement, vol), il aurait une toute autre odeur et produirait des comportements différents.
         Par rapport à sa fonction : l’argent n’a pas la même odeur selon que sa fonction est utilitaire (loyer, nourriture, chauffage…) ou ludique (sports, loisirs…).
         Par rapport à ses utilisateurs enfin : l’argent du mari qui travaille et gagne un revenu, l’argent de l’épouse mère au foyer  qui dépend de ce que lui donne le mari, et l’argent de poche des enfants, eux non plus n’auraient pas la même odeur.
         Les travaux de Viviana Zelizer , basés sur l’étude des comportements des ménages américains entre 1870 et 1930, ont pour mérite d’apporter une confirmation de la dimension morale et sociale de l’argent.

         En guise de conclusion, je voudrais citer quelques lignes du livre de 2 universitaires français Damien de Blic et Jeannne Lazarus, « La sociologie de l’argent » paru en 2007 : « la monnaie n’est pas un solvant uniformisant, qui aplanirait les relations sociales. Les valeurs, la morale, les relations interpersonnelles participent aux échanges monétaires, qui ne constituent donc pas une sphère autonome obéissant à une rationalité indépendante de tout enjeu social ».